C'est au tour de Lucas Balbo de nous parler de la genèse et de la fin de son fanzine Nostalgia, de cet âge d'or du fanzine cinéma qu'étaient les années 80 et aussi de cinéma Bis.
-Comment est né Nostalgia ?
Les deux premiers numéros traitaient de ciné et de bande-dessinée, ensuite le
fanzine est passé au 100% cinéma. Pourquoi ?
Les 2 premiers numéros de Nostalgia sont en fait des hommages à mes revues favorites de
l’époque qui étaient les versions françaises des magazines Eerie, Creepy et Vampirella. J’ai un peu copié la formule
mélangeant BD/cinéma bis/cinéma de genre. Sauf qu’évidemment comme je n’avais
pas l’appui d’une équipe de dessinateurs, c’était plus cinéma que BD en fait.
Comme je n'arrivais pas à faire tout tout seul, je me suis associé avec Gérard Biard pour créer une nouvelle formule entièrement cinéma. Gérard voulait appeler ça "L'Hérétique", mais je trouvais ça un peu lourd, alors on a choisi d'angliciser le titre et c'est devenu Heretic. Mais quand on travaille tout seul, on prend des mauvaises habitudes et je n'ai pas su travailler en équipe, donc il n'y a eu que un seul numéro de Heretic. Pour la petite histoire, Gérard Biard est devenu par la suite le responsable de la section cinéma de Charlie Hebdo. C'est un de seul survivant de l'attentat car il était exceptionnellement en déplacement à l'étranger le jour de la réunion fatale...
Comme je n'arrivais pas à faire tout tout seul, je me suis associé avec Gérard Biard pour créer une nouvelle formule entièrement cinéma. Gérard voulait appeler ça "L'Hérétique", mais je trouvais ça un peu lourd, alors on a choisi d'angliciser le titre et c'est devenu Heretic. Mais quand on travaille tout seul, on prend des mauvaises habitudes et je n'ai pas su travailler en équipe, donc il n'y a eu que un seul numéro de Heretic. Pour la petite histoire, Gérard Biard est devenu par la suite le responsable de la section cinéma de Charlie Hebdo. C'est un de seul survivant de l'attentat car il était exceptionnellement en déplacement à l'étranger le jour de la réunion fatale...
-On retrouvait des sujets sur le cinéma Fantastique mais
aussi et surtout le cinéma Bis ?
C’est vrai qu’au départ c’était plus basé sur le cinéma
fantastique et ce n’était pas encore 100% Cinéma Bis. A partir du n° 3, j’ai
élargi le spectre. Dans les deux premiers numéros j’avais fait des dossiers sur
les films de la Hammer un peu méconnus, qui étaient un peu mon dada, c’est ce
qui m’a poussé à éditer Nostalgia.
-Aujourd’hui il est difficile d’imaginer comment on faisait
un fanzine à l’époque où il n’y avait pas internet, comment trouvais-tu les
infos ? Avais-tu aussi l’aide de collaborateurs ?
Effectivement, à l’époque on n’avait pas cette bibliothèque
formidable en ligne accessible à tout moment du jour ou de la nuit ; donc
j’avais ma petite collection personnelle. Il y a aussi beaucoup d’amis qui
m’ont aidé du mieux qu’ils pouvaient, notamment Jean Claude Michel qui a
collaboré au premier numéro de l’EcranFantastique de la formule ronéotypée à la formule éditée par Lherminier en
format à l'italienne.
C’était une partie de mes sources, puis j’ai commencé à accumuler les dossiers de presse, là où sont les sources accessibles et recopiées dans la presse; et aussi et surtout, les annuaires de production distribués à Cannes à l’époque. J’ai aussi acheté beaucoup de documents, de collections, ce qui m’a poussé à élargir l’édition à la vente par correspondance et en salons spécialisés. Mais au départ, c’était pour avoir une base de documentation sérieuse pour mon fanzine.
C’était une partie de mes sources, puis j’ai commencé à accumuler les dossiers de presse, là où sont les sources accessibles et recopiées dans la presse; et aussi et surtout, les annuaires de production distribués à Cannes à l’époque. J’ai aussi acheté beaucoup de documents, de collections, ce qui m’a poussé à élargir l’édition à la vente par correspondance et en salons spécialisés. Mais au départ, c’était pour avoir une base de documentation sérieuse pour mon fanzine.
-Par rapport à d’autres fanzines photocopiés, Nostalgia était assez luxueux. Comment es-tu
arrivé à ce beau résultat ?
L’une des autres raisons qui m’a poussé à éditer Nostalgia est que je travaillais dans
l’imprimerie. C’est d’ailleurs par cela que je suis arrivé au fanzinat car à
cette époque j’aidais Jean Pierre-Putters à passer de sa formule ronéotypée à
une formule 100% imprimée en offset (car, en réalité il n’y a eu que les tout
premiers numéros de Mad Movies qui
étaient ronéotypés). C’était en fait un mélange de photocopies avec des planches
photos imprimées.
Je me suis dit que puisque" JPP" arrive à faire son fanzine et à le vendre sans être du métier, moi avec l’avantage de l’imprimerie je devais pouvoir m’en sortir. C’est ce qui explique la qualité un peu hors norme des premiers numéros jusqu’aux numéros suivants avec des couvertures imprimées en couleur puisque j’avais un peu plus de moyens que la plupart de mes collègues de par mon métier.
Je me suis dit que puisque" JPP" arrive à faire son fanzine et à le vendre sans être du métier, moi avec l’avantage de l’imprimerie je devais pouvoir m’en sortir. C’est ce qui explique la qualité un peu hors norme des premiers numéros jusqu’aux numéros suivants avec des couvertures imprimées en couleur puisque j’avais un peu plus de moyens que la plupart de mes collègues de par mon métier.
-Pourquoi avoir lancé des numéros spéciaux ?
Au bout de quelques numéros, après les numéros 5 ou 6, s’est
posé le problème de la rentabilité de l’édition. C’est là en général où la
plupart des éditeurs de fanzines s’arrête parce qu’ils s’aperçoivent, qu’au final,
c’est beaucoup d’investissement en temps et en argent, en fonction des budgets
qu’on veut y consacrer. Il faut, soit passer à la vitesse au-dessus pour pouvoir
y consacrer suffisamment de temps pour que cela soit sérieux, soit abandonner...
Je me suis donc dit que j’allais essayer des numéros spéciaux, des monographies, dont le premier était sur Klaus Kinski et sa fille Nastassia, qui a très bien marché, il y eu trois éditions différentes. Le deuxième sur Richard Widmark et le troisième, une monographie sur Jack Palance. Pour ces numéros hors-séries, j’avais un distributeur sur la France, dans l’idée de pouvoir vendre un peu plus que les 100 ou 200 exemplaires habituels sur la région parisienne. L’idée était la bonne sauf que le problème, en France, il n’y a pas de vrais débouchés pour les petits distributeurs. Au bout de 3 numéros, mon distributeur a fait faillite et est venu me voir en disant qu’il reprenait la même équipe avec une autre structure mais qu’il ne pouvait pas assurer le passif. C’est-à-dire qu’il ne pouvait pas me payer les numéros déjà vendus mais qu’il voulait bien s’occuper de mon nouveau numéro sur lequel il prenait également 50% à 60% sur le prix de vente. Ça s’est avéré être un mauvais calcul au final...
Je me suis donc dit que j’allais essayer des numéros spéciaux, des monographies, dont le premier était sur Klaus Kinski et sa fille Nastassia, qui a très bien marché, il y eu trois éditions différentes. Le deuxième sur Richard Widmark et le troisième, une monographie sur Jack Palance. Pour ces numéros hors-séries, j’avais un distributeur sur la France, dans l’idée de pouvoir vendre un peu plus que les 100 ou 200 exemplaires habituels sur la région parisienne. L’idée était la bonne sauf que le problème, en France, il n’y a pas de vrais débouchés pour les petits distributeurs. Au bout de 3 numéros, mon distributeur a fait faillite et est venu me voir en disant qu’il reprenait la même équipe avec une autre structure mais qu’il ne pouvait pas assurer le passif. C’est-à-dire qu’il ne pouvait pas me payer les numéros déjà vendus mais qu’il voulait bien s’occuper de mon nouveau numéro sur lequel il prenait également 50% à 60% sur le prix de vente. Ça s’est avéré être un mauvais calcul au final...
-Nostalgia date
des années 80, cette période fut plutôt florissante pour le fanzinat ? Il
y avait une bonne entente entre tous ?
C’est vrai que les années 80 étaient vraiment très riches en
fanzines. C’était l’explosion du fanzinat probablement due à la vidéo qui
permettait des cinéphilies un peu plus extrêmes. J’ai fait l’erreur de
critiquer une partie de mes collègues, par vanité probablement, ce que je
regrette un peu maintenant. Donc je me suis retrouvé avec quelques collègues
qui ne m’appréciaient pas. Il y a avait une entente mais ily avait des clans. Je n’étais pas d’un certain
clan mais j’en étais d’un autre. Au final, c’était assez bon enfant, mais il y
avait quand même des petits "clash".
Mais le fanzine m’a servi de carte de visite pour des échanges à l’étranger. C’est pour ça que, dès que j’allais en voyage à l’étranger, je prenais contact avec un éditeur de fanzines de films fantastiques car il y en avait un peu partout en Europe et surtout aux USA. Ça m’a permis comme ça de développer des contacts amicaux assez rapidement. Et c’est ce que je conseille à chaque éditeur de fanzines de se servir de ça comme tremplin pour faire connaissance avec nos amis étrangers.
Mais le fanzine m’a servi de carte de visite pour des échanges à l’étranger. C’est pour ça que, dès que j’allais en voyage à l’étranger, je prenais contact avec un éditeur de fanzines de films fantastiques car il y en avait un peu partout en Europe et surtout aux USA. Ça m’a permis comme ça de développer des contacts amicaux assez rapidement. Et c’est ce que je conseille à chaque éditeur de fanzines de se servir de ça comme tremplin pour faire connaissance avec nos amis étrangers.
-Tu as aussi participé à Horror Pictures ou Mad Movies.
Ainsi qu’à d’autres fanzines ou revues ciné ?
Mad Movies, comme
je l’ai dit plus haut, c’était plus une collaboration technique. Pour Horror Pictures, c’était la même chose,
mais je choisissais plus ou moins les documents ; c’était un travail
plutôt éditorial et il y avait peu d'écrit. J’ai surtout écrit des piges à droite
à gauche mais comme c’était difficile d’être payé je n’ai pas vraiment insisté
dans cette voie.
-Pour quelles raisons as-tu arrêté Nostalgia ? Tu n’as jamais eu envie de refaire un zine par la
suite ?
J’ai arrêté Nostalgia
car mon distributeur des hors-séries a fait faillite. Comme je ne voulais pas
me faire arnaquer une deuxième fois, je n’ai pas continué et je suis passé à la
rentabilité de mon investissement temps (on ne va pas parler d’argent). Comme
j’avais accumulé beaucoup de documents de cinéma pour illustrer à la base le
fanzine, j’ai commencé à louer des photos ou à en fournir pour tous
supports : vidéos, presse, édition, etc. Et le fanzine m’a permis de
mettre un pied dans ma profession actuelle de documentaliste.
Refaire un fanzine maintenant avec les nouveaux supports est très difficile car il faudrait faire un fanzine ultra pointu qui demanderait beaucoup de temps. Sa rentabilité serait très ardue donc a priori, non. J’ai fait un numéro spécial sur le burlesque que j’ai édité en une centaine d’exemplaires qui se sont bien vendus, mais ça ne m’a pas donné envie de me replonger dans l’autoédition. Car qui dit autoédition dit aussi auto-distribution...
Refaire un fanzine maintenant avec les nouveaux supports est très difficile car il faudrait faire un fanzine ultra pointu qui demanderait beaucoup de temps. Sa rentabilité serait très ardue donc a priori, non. J’ai fait un numéro spécial sur le burlesque que j’ai édité en une centaine d’exemplaires qui se sont bien vendus, mais ça ne m’a pas donné envie de me replonger dans l’autoédition. Car qui dit autoédition dit aussi auto-distribution...
-Tu as co-écrit avec Laurent Aknin "Les Classiques du cinéma Bis".
Comment es-tu arrivé sur ce livre?
Laurent Aknin, qui est un ami de longue date que j’ai
rencontré au cinéclub de la faculté de Censier, avait trouvé un éditeur
intéressé par le projet. On a réalisé un premier volume, Cinéma Bis, 50 ans de cinéma de quartier où j’étais chargé à 100%
de l’iconographie, qui était sous forme de dictionnaire de personnalités
(réalisateurs, acteurs et producteurs) qui est totalement épuisé à ce jour. Le
deuxième volume, Les Classiques du
Cinéma-Bis, a été co-écrit, et j'ai écrit un peu moins d'un tiers du livre,
mais j'ai fourni 99 % de l'iconographie. C’est un dictionnaire de films un peu
décalés, bizarres, que l’on a sélectionné ensemble Laurent et moi. On s’est
donc partagé l’écriture du deuxième livre, dont la deuxième édition revue et
corrigée est encore disponible en librairie. C’est arrivé à la suite du Dictionnaire du cinéma populaire français
(même éditeur : Nouveau Monde éditions) où Laurent avait fourni une grande
partie des textes aussi et où j’avais fourni une grosse partie de l’iconographie.
Les livres sur le bis sont venus un peu grâce à ma casquette de documentaliste,
et où j’ai débordé sur mon emploi habituel.
- Un projet futur ?
En ce moment, je suis en train de peaufiner un livre sur
l’âge d’or de la vidéocassette, la VHS. Ce ne sera pas un livre feel good, dans le genre « Ah qu’est-ce
que c’était bien avant », car le DVD et le Blu-Ray sont de vraies
avancées technologiques qui ont enterré ce brave format. Mais ce sera un
historique de comment la vidéo a transformé la société, la cinéphilie. Il y
aura un petit guide des éditeurs, un descriptif de 50 éditeurs, qui
représentent à peu près le panel de l’édition vidéo de l’époque. On y trouvera
aussi plusieurs entretiens avec des gens de la profession, dont un entretien
avec Laurent Melki, le dessinateur des jaquettes les plus chargées de nos
vidéothèques. En résumé ce sera une enquête et un historique de la
vidéocassette en France (sortie prévue fin 2018, début 2019).
Un grand merci à Lucas Balbo pour sa disponibilité.
Il est encore possible de trouver des anciens numéros de Nostalgia à cette adresse: http://artclips.free.fr/cat9.htm
Transcription et relecture par Anne-Laure Moumal,
merci aussi à elle pour son aide précieuse.
ce fanzine était excellent et me rappelle des bons souvenirs... Encore Bravo Lucas
RépondreSupprimerEric Denis
Merci Eric... et longue vie à Scream!
RépondreSupprimerLB
BONJOUR LUCAS EST CE QUE JE PEUX T'ACHETER LE LIVRE SUR STARCRASH DEDICACE DE TA PART.BIENTOT JE VAIS RECEVOIR TON LIVRE VHS STORY QUE J'AI COMMANDE A METALUNA. SI C'EST PAS POSSIBLE JE VAIS LE COMMANDER A METALUNA. AMICALEMENT ERIC
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